Gouvernement du Nouveau-Brunswick

Commentaire de Beth Lyons
Ce texte a été publié en premier par le Times & Transcript, le 30 septembre 2016.

Il est difficile de suivre le débat sur les garderies si vous n’avez pas été témoin des difficultés à trouver et à payer des services de garde, ou que vous n’avez pas lu sur le sujet dans le contexte de l’égalité des femmes. Le débat peut être pénible.

Tout comme bon nombre des questions liées à l’égalité des femmes, les services de garde sont un enjeu tellement important qu’on ne peut se permettre d’exclure toute personne du débat parce qu’elle n’est pas experte en la matière. Nous devons plutôt favoriser la participation de plus de personnes, et nous devons le faire dès maintenant pour que ces personnes puissent ensuite inclure les services de garde dans les conversations essentielles qui ont lieu sur l’avenir de notre province.

 Dans cet esprit, voici donc des notions de base importantes sur les services de garde.

Au Nouveau-Brunswick, les services de garde sont offerts par des organismes à but non lucratif et des entreprises du secteur privé, moyennant le paiement de frais de garde. Ces frais sont élevés. Selon les renseignements fournis par le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, à compter de septembre, les familles doivent s’attendre de payer la somme de 607,11 $ pour une place en garderie pour les enfants d’enfants d’âge préscolaire; pour les nourrissons, les frais grimpent à 711,69 $. Selon leur revenu, les familles peuvent obtenir des subventions gouvernementales.

Malgré l’imposition de ces frais, les marges bénéficiaires des fournisseurs de services sont très minces. C’est qu’il en coûte très cher pour se conformer aux règlements du gouvernement concernant la garde d’enfants, notamment les exigences quant aux espaces prévues, les rapports personnel-enfants, etc. Bien entendu, les règlements ne sont pas contraignants dans le seul but d’être contraignants; ils protègent la santé et assurent la sécurité des enfants, ce qui demande beaucoup d’attention et d’efforts.

C’est pourquoi le gouvernement investit dans les services de garde. Les services de garde réglementés sont un service essentiel. Sans l’appui du gouvernement, ils disparaîtraient ou ne seraient accessibles qu’aux mieux nantis. Au Nouveau-Brunswick, cet appui prend la forme de suppléments de salaire, de financement de la formation du personnel et de la création de nouvelles places en garderie.

Vous devez également savoir que la plupart des exploitants-propriétaires de garderies privées, ainsi que la grande majorité du personnel des services de garde, sont des femmes qui font ce travail malgré une rémunération très modeste, parce qu’elles ont à cœur d’offrir ce service.

La vérité brutale est donc que ce secteur aura toujours besoin du soutien gouvernemental, ce qui est bien, puisqu’il s’agit d’un bien social, d’un service essentiel au tissu social de la province.

Il n’en demeure pas moins que le rendement de l'investissement à court et à long terme dans les services de garde qu’obtient le gouvernement est exceptionnel.

Quand les services de garde sont accessibles, abordables et de haute qualité, la participation des femmes sur le marché du travail augmente, puisqu’après tout, ce sont encore en grande majorité les femmes qui demeurent à la maison avec les enfants. Quand les femmes entrent sur le marché du travail alors que leurs enfants sont jeunes, elles sont également susceptibles d’y rester une fois que leurs enfants ont grandi. La participation au marché du travail signifie une augmentation des revenus à vie, ce qui se traduit par de meilleurs résultats liés à la santé et, en fin de compte, par davantage de recettes fiscales et d’économies en soins de santé pour le gouvernement.

Il ne faut pas oublier les avantages que cela procure aux enfants. Des services de garde de grande qualité créent des règles du jeu plus équitables pour les enfants qui sont marginalisés en raison de la pauvreté qui,  autrement, entreraient dans le système scolaire avec un désavantage. Pour eux, cela contribue à de meilleurs résultats scolaires et de meilleures perspectives d’emploi. Nous savons aussi que les services de garde sont essentiels à l’intégration des nouvelles familles canadiennes dans les collectivités.

Autre point à souligner au sujet des enfants : la recherche indique que le taux de fécondité est plus élevé dans les administrations où il est plus facile pour les femmes de travailler et d’avoir des enfants.

Au cas où vous doutiez de ces déclarations, voici des faits concrets tirés d’un rapport spécial de la Banque TD sur l’éducation à la petite enfance : la garde d’enfants à l’extérieur du foyer obtient un des multiplicateurs du PIB les plus élevés de toutes les industries, soit un rendement de 1,49 $ à 2,78 $ pour chaque dollar investi.

Étant donné les préoccupations qui touchent actuellement le Nouveau-Brunswick, c’est-à-dire le besoin d’une assiette fiscale plus large et de meilleurs niveaux de rendement en littératie et en numératie, ainsi que le renversement des tendances démographiques à la baisse et l’accent sur les investissements stratégiques, pourquoi n’entendons-nous pas parler des services de garde dans le cadre des vagues d’annonces de financement? Ajoutez l’engagement du gouvernement à promouvoir l'égalité des femmes, et cela devrait être un cheminement évident.

Une raison est qu’il existe des visions opposées de ce à quoi devrait ressembler l’investissement public dans les services de garde. De manière générale, on s’entend sur la nécessité d’avoir un plus grand nombre de places (surtout pour les nourrissons), que les places doivent être réparties de façon plus égale dans la province, que les salaires du personnel doivent augmenter et que les frais de garderie doivent diminuer. Toutefois, la conversation se complique particulièrement quand il est question des moyens d’y arriver.

Certaines personnes souhaitent que les services de garde soient intégrés au système d’éducation public, alors que d’autres voient les services offerts par des organismes à but non lucratif. Entre-temps, les femmes qui ont édifié des établissements privés veulent conserver leurs entreprises. Les familles veulent savoir que les fournisseurs écouteront leurs préoccupations; certaines croient que les établissements privés sont mieux en mesure de le faire, alors que d’autres estiment qu’un mécanisme semblable à celui des conseils d’éducation de district leur permettrait d’être mieux écoutées.

C’est pourquoi il faut que plus de gens parlent des services de garde. Il faut que plus de personnes participent à la conservation au niveau le plus élevé. Nous avons besoin que de nouvelles voix se fassent entendre par le gouvernement et plaident la cause des services de garde en tant que bien social essentiel.

Même en l’absence d’un consensus quant à l’approche à l’égard des services de garde, nous pouvons travailler ensemble pour faire en sorte que le gouvernement corrige cette situation afin d’en faire une possibilité pour le Nouveau-Brunswick. 

Media contact: Beth Lyons, Executive Director, Voices of NB Women Consensus-Building Forum [email protected] Tel. 506-462-5142